En boîte de nuit (discothèque pour les ringards :), la majorité des personnes que tu rencontres sont des déchets.
Petite définition et caractéristiques des déchets, pour bien commencer :
Les déchets
Ils sont partout. Ils ont commencé leur soirée à 21h en ville ou chez des potes et n'ont qu'un seul objectif : boire, boire et boire des litres de vodka et être celui qui a le plus d'alcool dans le sang. Ils traversent plusieurs phases pendant la soirée :
1. Les (futurs) déchets retrouvent leurs potes en ville et ont déjà prévu de finir complètement dead.
2. Ils commencent à écouter des musiques pourries en faisant des jeux à boire et se prennent pour des caïds.
3. Le niveau sonore augmente, il fait plus chaud. On en est au 5ème verre de vodka et à la 3ème bière. La transformation arrive à son terme : l'étudiant se transforme en déchet.
4. Le déchet insulte tout le monde. Sur le chemin de la boîte, il pisse sur les portières des bagnoles en hurlant, il se retourne en sifflant lorsqu'une fille passe (et la glorifie de mots tendres et doux), et garde évidemment à la main son amie la bouteille de soda qu'il a rempli d'un curieux mélange d'alcools divers.
Entrer dans une boîte de nuit est particulièrement délicat. Aaaaaaah pardon, sauf si t'es une fille, que tu montres tes seins et que tu passes ta langue sur tes lèvres en lançant au videur un petit regard coquin. Le videur, c'est la montagne de muscle postée devant l'entrée de la boîte, qui garde la tête bien haute, qui ne sourit JA-MAIS, et qui te jauge pour voir si tu es assez "classe" (mot à utiliser avec précaution) pour rentrer.
Et alors là, au moment où tu arrives presque au niveau de la porte, un autre videur sort en tenant (voire en soulevant) une fille par le bras pour l'envoyer valser sur le trottoir. Une fille. Nan pas une fille, enfin plus une fille. Un déchet, avec du rouge à lèvres pétant, des chaussures à talons affreuses, un haut blanc transparent avec un soutif noir (évidemment), le rimmel qui coule. Et puis molle, titubante, se retenant au portail pour ne pas s'effondrer, mais trouvant quand même la force d'insulter la montagne de muscles et de crier "Oh CA VA TOI, J'SUIS PAS BOURREE PUTAIN ... SALE CHIENNE VAZY" pour ensuite cracher au sol délicatement.
Toi, t'es dans la file, tu regardes et tu te demandes ce qui a bien pu lui arriver à cette jeune fille pour qu'elle soit dans un tel état. Mais tu commences surtout à te dire que t'as peut-être eu tort de payer 10 euros pour venir dans un endroit où des gorilles balancent des filles complètement pétées sur le goudron. Tu t'dis : "Cette salle a des pouvoirs magiques et on va tous finir comme ça ou bien ... comment ça s'passe ?"
Et là, tu rentres enfin après une demie-heure (voire beaucoup plus) d'attente dans le froid !
Dans le vestibule déjà, il fait une chaleur à crever et la musique est assourdissante. Mais ça à l'air rigolo, tu aperçois des gens qui dansent et l'ambiance semble bonne. Sauf que tu crois être entrée, mais en réalité il faut passer au vestiaire pour poser tes affaires et payer la consigne. Et vu qu'il y a 50 personnes devant toi en train de tendre leurs affaires comme des malades en hurlant, parce que OUI, ils faut qu'ils entrent là-dedans le plus vite possible, il faut qu'on entre, IL FAUT QU'ON ENTRE ! Voilà, il est minuit, la boîte ferme à 7h mais ... il faut entrer tout de suite maintenant, pour ne pas en perdre une miette. Raisonnement intéressant, certes. Finalement, les gros boeufs se sont poussés, t'as réussi à donner ton manteau à la pauvre dame qui, en sueur, court partout pour ranger, organiser, encaisser et gérer tous ces trous d'balle impatients. Et tu te frayes un passage à l'intérieur de la boîte ...
WAHOU ! Quelle merveille ! Et ce bruit dans mes oreilles ... Hmmmm, que j'aime. C'est quoi ce son, Rihanna ? En plus d'être bonne elle a du talent, c'est fou ! C'est moitié la nuit et moitié ... une explosion nucléaire. Enfin l'idée que je m'en fais est assez similaire. Des lumières de toutes les couleurs partout (si on peut appeler ça des couleurs) et des gens qui ne forment qu'une gigantesque masse qui ondule au rythme de la ... "musique". Tu jettes un coup d'oeil sur les mezzanines, c'est la même chose, en moins condensé. Surtout des gens qui regardent ce qu'il se passe en bas, ou bien qui tournent leur langue dans la bouche de leur partenaire de la soirée. Très très sympa. C'est comme tu l'imaginais mais en même temps, t'es avec des gens plutôt gentils, tu te dis que ça va aller, qu'on va forcément rigoler.
Et c'est vrai d'ailleurs, tu rigoles beaucoup au début. Tu regardes autour, tu observes d'un oeil amusé. Tu repères tout de suite la sortie pour aller fumer ta clope "loin" de tout ce bordel et prendre un peu l'air. L'air qui d'ailleurs est inexistant dans ce genre d'endroit. C'est un four, un véritable four ! Si t'as pas mis de déo avant t'es foutu, it's over. Pour le mec qu'a oublié de mettre son pchitt pchitt Hugo Boss la soirée se terminera en solitaire. Enfin pourrait se terminer en solitaire. Fort heureusement pour lui, il se dégage de cet étrange environnement une odeur intéressante, un mélange d'aisselles, d'alcool et d'hormones en ébullition. Tu t'habitues quand même plus vite à l'odeur qu'au volume sonore.
Et alors là, t'as pas le choix, dans une boîte de nuit tu ne peux pas t'asseoir dans un coin, boire un verre avec tes potes en discutant et en te marrant. Tu DOIS danser. C'est obligatoire, comme si c'était une question de survie. Donc tu t'approches, prudemment au début. Et quand faut y aller, faut y aller : tu t'insères dans la foule. Et ce n'est pas sans difficulté tellement ils sont compressés les uns contre les autres. Mais c'est bon, t'as réussi, t'y es ... OUF ! Ou pas ... Alors là, quand t'es une fille, tu t'apprêtes à vivre le moment le plus désagréable de ta vie (quoi que certaines ont l'air d'apprécier, tant mieux pour elles :).
Tu danses (enfin, tu te remues) pour faire comme tout le monde (tu fais semblant de connaître la "chanson" qui passe aussi) et, alors que tu n'y étais pas préparée, tu sens une main sur tes fesses. Tu te retournes en le repoussant et tu rigoles parce que quand même, il est gonflé celui là (rire nerveux sans doute). Bon, allez, on respire on continue.
Et en fait c'est mort, tu n'as plus le choix, tu dois te frotter à des dizaines de mecs qui veulent ABSOLUMENT danser collés collés collés contre toi. Et vas-y que j'te touche les seins, les hanches, les cheveux, que je frotte mon entre-jambe contre toi. Allez-y, pas de problème, j'adooooore ça ...
Quand c'est des étudiants de ton âge c'est pas tip-top. Quand ils ont 50 piges, c'est ignoble.
Des déchets en action. Du coup tu fous des baffes à toutes les mains qui se rapprochent et tu fais beaucoup de déçus mais tant pis, ils avaient qu'à pas être si cons, merde !
Il faut faire trèèèès attention parce que tout passe par le regard.
Ils cherchent leur proie en regardant les visages qui dépassent de la foule et quand tu as le malheur d'en regarder un dans les yeux (à moins que tu n'aies un méchant strabisme) il se rapproche aussitôt pour commencer à "danser" contre toi. Parfois tu as le temps de t'enfuir, parfois non. Et puis la communication est difficile en boîte de nuit ... Il faut hurler dans l'oreille de l'autre pour lui transmettre le message (s'il n'a pas compris ce que signifiaient les tartes dans sa gueule). "TU PEUX ME LÂCHER S'IL TE PLAIT ? T'ES LOURD LAAAAA"
Et lui de répondre : "T'AS UN COPAIN ?"
Oh mais ta gueule.
Il te faut de l'air ... DE L'AIR !
Tes copines s'éclatent trop, toi tu rigoles de moins en moins. Tu vas aux toilettes pour voir si tu peux gagner quelques instants de répit. Et quand t'es entrée tu réalises que tu n'entends plus. "Alleeeez là qui m'a foutu du coton dans les oreilles ?" En fait j'crois que tes oreilles elle sont juste en train de faire grève, et limite elles saignent parce que même si t'as eu le droit à 2 titres d'Indochine et 1 de Noir désir, le reste ne mérite même pas le nom de "musique". Alors tes oreilles sont très très très malheureuses. En plus quelqu'un a dû s'endormir sur la manette du volume parce que là c'est pas possible c'est trop fort. Ça réveillerait un mort honnêtement ... Derrière toi y a 3 gonzesses en train de gerber dans la cuvette mais elles semblent habituées, elles rigolent, elles ont 16 ans ... C'est pas ici que tu trouveras du réconfort.
Une clope, une clope, I need a clope !!!
Tu sors dehors et là c'est bon, c'est frais, ça requinque ! Et c'est la clope du bonheur ...
Tu savoures ce moment de paix, sans musique, sans fous-furieux, sans mains baladeuses.
Bon, le seul inconvénient c'est qu'on a 15 mètres carré pour un bon paquet de personnes mais on va pas cracher sur tout quand même ... La clope est fini, plus le choix, il faut y retourner.
Et le cauchemar continue. De plus en plus alcoolisé, de plus en plus crade en fait.
Tu regardes tous ces gens autour et tu ne vois plus un seul être humain. Une transformation hallucinante s'est effectuée. Il n'y a que des animaux à la recherche de l'ivresse la plus grande, mais surtout à l’affût d'un(e) partenaire sexuel(le). Tu retournes danser 15 min mais ça recommence, y a ce mec là qui t'a retrouvé, il te lâche plus, il faut aller se cacher. Tu cours à l'opposé mais tu marches sur des verres cassés par terre. Sur les côtés de la boîte y a des petits coins sombres où certaines personnes ont déjà commencé les préliminaires sur les banquettes, alors tu cherches un coin tranquille. Tu l'as trouvé, tu t'approches, et ... tu glisses sur une grosse flaque de vomi (que tu ne vois pas, mais que tu sens). Tu te barres en courant et en rigolant en même temps parce que tu te dis que c'est pas possible, que ça peut pas exister un endroit pareil. C'est drôle et triste à la fois de voir la connerie humaine s'abattre sur des gens sans doute très respectables en d'autres circonstances ...
Il est que 3h du matin, ta pote (chez qui tu dors parce que t'habites trop loin) veut rester au moins jusqu'à 6h. "ATTENDS C'EST NOTRE SOIRÉE D’INTÉGRATION AU DROIT, FAUT QU'ON S'AMUSE WOUUUUUUUUH" (venez me tripoteeeeeer, c'est ça que j'aime !)
C'est reparti on danse, on rigole un peu quand même pour faire bonne figure. T'as un peu bu quand même avant donc tu planes légèrement, c'est ça qui te permet de tenir dans cet endroit de fou.
"Donne moi un D
Donne moi un R
Donne moi un O
Donne moi un I
Donne moi un T"
Haha, qu'est c'qu'on rigole !
Oh, une fille qui chiale sur un siège ... Oh un mec qui pose une grosse galette sur la piste ... MIAM ! Tiens, celui là pas discret qui s'touche le zob. Bon, soit, pourquoi pas ...
Au final, t'as la tête explosé, t'as marché sur des verres cassés, t'as donné des baffes à tous les mecs qui ont tenté quelque chose avec toi avec un peu trop d'insistance et la seule chose qui te permet de tenir c'est les pauses clope à l'extérieur. Sauuuuf quand t'as perdu ton paquet de clope à 4h30 du matin au milieu de la piste de danse (gros fail ...). Tant pis.
Finalement, on s'en va. OUAIS ! On s'en va ...
D'un point de vue médical c 'était nécessaire de toute façon. J'allais décéder dans cette boîte de nuit, au milieu de tous ces déchets qui sont dans ma Fac. Il le fallait.
En plus il est 6h30, on a cours à 10h donc va falloir se motiver.
Quoi qu'il en soit, la boîte de nuit, si elle convient à un bon nombre d'étudiants du monde entier, n'est vraiment pas un lieu que je fréquenterai à nouveau (sauf si j'ai envie de m'auto-détruire un jour). Franchement, rien ne vaut les bonnes petites soirées entre potes à picoler ce qu'il faut (parce que ça c'est pas méchant) et à discuter, rigoler, vanner ... Et où personne ne tente de te violer en dansant surtout !
La boîte de nuit, c'est pourri. Enfin, celle là en tout cas. J'ose espérer qu'il en existe des sympas quelque part en France ... (?)
Youhouuuuuuuu !